Interview Jules Favre

« L’équipe de France c’est une récompense ultime, mais il ne faut pas griller les étapes. »

Les pieds sur terre, le mental forgé et les yeux rivés sur l’avenir. Voici une phrase pleine de compétences qui résume parfaitement la carrière du jeune Jules Favre, seulement 21 ans et déjà titulaire à La Rochelle, une équipe habituée aux joutes du Top 14. L’ailier, originaire du Doubs (25) n’en finit pas d’épater la galerie et après avoir touché à l’équipe de France U20, il rêve désormais du Graal : l’équipe de France A. Interview. 

Bonjour Jules, tu as repris depuis peu de temps l’entraînement collectif avec La Rochelle, pour donner suite aux 3 mois de confinement. Qu’est-ce qui t’a le plus manqué durant cette période ?

Ce fût une période délicate pour ma part puisque j’adore bouger et je n’aime pas rester inactif chez moi. D’un point de vue sportif tout m’a manqué, les infrastructures, les entraînements, les potes et plus particulièrement l’adrénaline ressentie lors des matchs le week-end.

Revenons sur ton passé avant d’évoquer tes performances en club. En 2017, à 18 ans, le club de La Rochelle vient te dénicher du côté du RC Morteau. On parle souvent des transferts dans le monde du football, mais peux-tu nous expliquer le déroulé d’un transfert entre un club amateur et professionnel ?

Tout a débuté au pôle espoir de Dijon. Notre génération évoluait dans le championnat « Crabos -18 ans », ce qui permettait d’affronter de grandes écuries comme Clermont, le Stade Français, le Racing Métro 92 et bien d’autres. Dans ce mini championnat avec Dijon, un recruteur de La Rochelle m’a repéré lors d’une rencontre et tout a rapidement pris forme. J’ai été contacté par le club La Rochelle et en accord avec mon club Morteau où j’étais licencié, j’ai simplement pris la décision de signer dans cette équipe sans le moindre échange monétaire et sans aucun contrat.

Le RC Morteau (Doubs) ton club formateur a changé de nom un an plus tard en devenant « Rump 25 ». As-tu encore une certaine attache pour ce club ?

Cette fusion entre Morteau et Valdahon est une très bonne chose puisque à présent le manque de joueurs se fait pleinement ressentir dans la région, donc beaucoup de « petits » clubs déchantent et ne peuvent plus inscrire quinze noms sur la feuille le week-end. Je garde une très grande attache pour mon club de cœur puisque les personnes qui jouent actuellement en équipe première m’ont donné toutes les cartes en mains plus jeune pour réussir. Mon parcours actuel, je le dois à Morteau et aux éducateurs.

D’ailleurs, reviens-tu régulièrement dans le région ou l’air marin de La Rochelle te convient-il davantage ?

J’essaye pour voir ma famille à côté de Morteau, cependant le manque de temps fait que je ne reviens que très rarement, à mon plus grand regret. Pour ne rien te cacher l’air marin on s’y fait et ce n’est pas désagréable (rires).

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Petit à petit, l’ailier de 21 ans fait son bonhomme de chemin. 

« J’espère de tout cœur apporter rapidement le bouclier de Brennus au peuple rochelais. »

Le 25 août 2018, tu connais ta grande première en équipe A contre Grenoble, puis par la suite tu joueras 16 autres matchs dans la saison. Selon toi c’était une chance à saisir ou était-ce normal ?

Cette date est très importante pour moi et restera gravée dans ma tête. C’est mon premier match en Top 14 avec les grands, un moment inoubliable, puisque je les regardais jouer à la télévision quand j’étais petit, et là c’était la réalité. Personnellement je dois beaucoup à Xavier Garbajosa et Grégory Patat qui m’ont donné une chance d’évoluer au plus haut niveau.

Par ailleurs cette saison, La Rochelle réalise une saison pleine avec une défaite en finale de Challenge Cup contre Clermont et une demi-finale perdue en TOP 14 contre le futur vainqueur Toulouse. Est-ce frustrant de n’avoir ramené aucun trophée au peuple Rochelais ?

Forcément la saison était très belle pour La Rochelle et ne rien ramener après une telle année c’est dommageable. En revanche, nous ne l’avons pas pris comme un échec, mais plutôt comme un réel apprentissage pour revenir plus fort dans les grands matchs à l’avenir. J’espère de tout cœur apporter rapidement le bout de bois (bouclier de Brennus) au peuple rochelais.

Au début de cette saison, tu as joué les 8 premiers matchs de TOP 14 en tant que titulaire indiscutable. T’attendais-tu à une telle confiance de la part du staff technique ?

J’ai ressenti une réelle confiance dès le début, je pense en grande partie pour faire souffler les joueurs présents à la Coupe du Monde. C’était une belle surprise, mais le jour J il ne faut pas seulement faire acte de présence, mais rendre ce qui t’es donné. 

Avant l’arrêt du championnat pour cause de pandémie, tu as joué 11 matchs de TOP 14 sur 17 au total, ce qui fait de toi l’un des joueurs les plus utilisés de l’effectif cette saison. Est-ce l’année de la confirmation pour toi ? 

J’ai été reconduit plusieurs fois après un bon début de saison et j’ai été lancé dans le grand bain en Ecosse en Champions cup. Je ne peux qu’être content de cette saison malgré la coupure liée au coronavirus. C’est entre guillemets une « petite confirmation ».

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Cette saison 2018-2019 restera dans les annales.

« C’est une force dans cette équipe, puisque les cadres nous guident parfaitement »

En parallèle, tu as même gouté pour la première fois à la Champions Cup cette année avec en prime un essai décisif en Ecosse contre les Glasgow Warriors. Que représentent ce match et cet essai inscrit en coin à la 22e minute ?

Participer à cette compétition mythique, c’est une récompense immense, j’en ai pris plein les yeux. De plus, aider l’équipe à remporter son premier match en Champions Cup en marquant un essai dans des conditions plus que chaotiques, c’était magique.

Être dans un club qui fait confiance aux jeunes et qui leur donne l’opportunité d’évoluer aux côtés de beaux noms du rugby (Parisse, Tolofua, Taofifenua, Vito, Atonio, James, Aguillon), c’est forcément gratifiant. Jouer avec des rugbymans expérimentés à ton âge, est-ce réellement formateur ?

Sur les feuilles de match les jeunes y sont régulièrement tout au long de l’année à La Rochelle. C’est une force dans cette équipe, puisque les cadres nous guident parfaitement. J’essaye au maximum d’écouter les conseils, à la fin ces détails façonnent les grands joueurs.

En Février 2019, tu connais ta première et unique sélection en équipe de France -20 pour le tournoi des Six Nations. En plus tu inscris un essai, c’était comme dans un rêve ?

Cette sélection avec les copains Thomas Lavault et Paul Boudehent c’est une belle récompense. Par ailleurs la journée était parfaite puisque j’arrive à donner quelques points durant la rencontre, c’était l’apothéose ! Si j’ai un regret c’est de ne pas pouvoir participer à la Coupe du Monde des jeunes en fin de saison (annulation).

 

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L’immense joie de Jules Favre (à gauche) pour son essai contre l’Ecosse.

« Je dois dans un premier temps m’imposer davantage dans mon club et progresser sur de nombreux points. »

Tes nombreuses bonnes performances et ta régularité du côté de La Rochelle semblent plaire à ton entraîneur et son staff, la confiance mutuelle est présente. A seulement 21 ans, la sélection en équipe de France A, on y pense dans un coin de sa tête ? 

Forcément j’y pense, puisque l’équipe de France c’est la récompense ultime. En revanche, il faut savoir s’auto-évaluer et pour le moment il y a encore du chemin pour intégrer l’équipe nationale. Je dois dans un premier temps m’imposer davantage dans mon club et progresser sur de nombreux points. Naturellement, je ferai tout pour atteindre cet objectif de façon progressive.

Tu as prolongé jusqu’en 2023 en décembre dernier au Stade Rochelais. Quels sont tes objectifs dans ce club jusqu’au « Cap 2023 » ?

Ce qui m’a avant tout fait signer pour 3 saisons supplémentaires c’est cette confiance mutuelle avec le club, et pour ma part j’ai l’envie d’exploser dans un bon club en occupant une place importante au sein de l’effectif.  

Jules merci de m’avoir accordé de ton temps pour cette interview, je te souhaite plein de positif pour la suite de ta carrière, en attendant la reprise des matchs amicaux courant août. Sur ce, je te laisse le mot de la fin …

C’est un plaisir, un grand merci à toi. Et rien de mieux que de se quitter sur une expression : « Allez le Stade » !

QUESTIONS FLASHS

  • Chanteur préféré ? Jean Jacques Goldman
  • Chanson préférée ? Djomb – Bosh (actuellement)
  • Club préféré ? RC Morteau
  • Rugbyman préféré ? Pierre Aguillon
  • Stade préféré ? Marcel Deflandre
  • Films / Séries préférées ? Breaking bad & Prison Break / Gladiator
  • Ville préférée ? New York

 Réseau social

Instagram : @julesfavre12

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Guillaume BESSON

Publié par Guibess

Étudiant en journalisme à Lyon. Attiré par le Grand football et observateur de nombreux autres sports !

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